lundi 21 septembre 2009

La fille au piano


C’est une fille classique. Avec des longs cheveux attachés en queue de cheval. Assise sur le tabouret devant le grand piano noir elle fait glisser ses doigts sur les touches noires et blanches. Elle arpente et égrène une à une les notes arpégées de la cantate. De variations en enjolivures, la musique emplie la pièce.

Elle enchaîne avec une sonate en do majeur, je l’imagine alors, l’été, dans une robe rouge et ses joues qui trahissent un gène passager.

Elle joue la valse de Poulenc. Elle joue avec moi. Au jeu du chat et de la souris. Elle sait que je la désire et elle me fait languir.

Vient un menuet, je la devine plus coquine et soudain plus timide. Me prenant par la main et m’invitant à la rejoindre. Tout contre elle.

Lettre à Elise de Beethoven. Cette fois plus de doute, elle s’empare de mes lèvres. En fermant les yeux, et m’embrassent de plus en plus intensément.

Une mélodie frêle et suave de Schumann. Elle est nue et la lumière tamisée, mes doigts frôlent sa peau goût abricot. La chaire de poule : je me serre pour la réchauffer.

Une sonatine en sol majeur. Le bonheur, est là, nos gestes sont limpides et précis, nous nous découvrons sans mot dire.

Prélude de Bach. Les premiers moments après l’amour. Je me blottis contre elle en douceur, et l’embrasse tendrement dans le cou. Je m’endors la main contre son sein.

« Danse russe » de Tansman. Le réveil au matin, le monde nous appartient. Il va voir ce qu’il va voir.

Une marche funèbre. Je sors d’un coup d’un seul de ma rêverie.

Une sarabande en ré mineur. Je m’en vais, laissant la fille au piano à ses mélodies solitaires. Décidemment trop absorbée par ses partitions sans surprise.

Dire qu’on aurait pu jouer à quatre mains.


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