jeudi 7 mai 2009

Saez (1/2)

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Jours étranges
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Damien Saez a tout juste 19 ans, quand il décide de vendre ses chansons. Nous sommes en 1996 (chansons composées pour la plupart depuis ses 17 ans). C’est William Sheller, auteur-compositeur-interprète intergénérationnel (« Un homme heureux », « Fier et fou de vous ») qui va le faire se révéler et lui faire signer un premier contrat. L’album Jours étranges sort dans le bac, et le single Jeune et con devient l’hymne d’une génération, la mienne, celle qui n’a connu de la politique que le sordide et qui vomit contre la société de consommation et des abus passés.

« Puisque des gens crèvent sous les ponts mais ce monde s’en fout. »

Des riffs rocks solides, des paroles dures et rugueuses. La presse le surnomme le petit prince du rock. Déjà à l’époque c’est lui seul qui joue de toutes les guitares sur l’album. Ce disque presque révolutionnaire n’en oublie pas moins d’incorporer quelques ballades lancinantes telle que la magnifique montée là-haut, dont l’arpège simple mais hypnotique a inspiré tous les guitaristes en herbe qui comme moi, avait entre 16 et 18 ans à l’époque.

« Paraît que t’étais une princesse. Moi je n’en ai jamais connue »

La tournée qui suivra montrera que la ferveur est bien là. Les milliers de jeunes boutonneux se pressent dans les salles, connaissent les chansons par cœur. Entre des communions parfaites sur la chanson Jours étranges et des ratés impardonnables (de nombreuses annulations), Saez montre au grand jour son côté provocateur. Oui il aime les prestations scéniques, mais il ne voue aucune compassion particulière pour son public. Public qu’il méprise parfois, fumant clope sur clope, saccageant certaines chansons, ne pipant mot en mode automatique. Cette attitude dérange, déstabilise d’un côté, mais au contraire réconforte une partie de son public de l’autre : oui Damien est « entier » il ne se prostituera pas pour plaire à tout prix.


Katagena


Avant d’attaquer l’écriture et la composition de son prochain opus, Saez découvre la Pologne et l’amour parfait. Kasia (ou Katagena prénom synonyme), qui la quittera plus tard, et deviendra sa muse. Donnant une tournure triste voire glauque à la majorité des chansons qui suivront (déjà que ce n’était pas franchement un gai luron) mais également les plus belles ballades. Pour l’instant Damien compose un ensemble de 6 morceaux intitulés Katagena (tiens donc) qu’il offre à son public via internet. Si les 6 titres sont assez quelconques, Damien se démarque déjà des autres artistes en adoptant une démarche purement artistique et non commerciale. D’autres initiatives du même ordre suivront régulièrement (Singles offerts, enregistrement pirate autorisé et encouragé sur ses concerts par exemple)
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God Bless/Katagena
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« Mais l’espoir n’est pas l’Eternel. Et mon dieu que la nuit est belle sur notre plaine perdue »

Après cet interlude sort le double album God Bless/Katagena. Un double album intelligent, audacieux, onirique où il mélange de magnifiques plages instrumentales au piano et synthé, des chansons « traditionnelles », du rock solide mais également de la techno pathétique. Conscient de son image de rebelle, Saez en joue et en abuse parfois à mauvais escient. Ainsi le single Sexe (dont le clip était censuré) s’avère être un bide total et justifié. En revanche le sulfureux J’veux qu’on baise sur ma tombe est un véritable bijou. Notons également comme autres pépites A ton nom, St Pétersbourg et le méconnu Perfect World au son pop planant et entêtant.

« A Saint-Pétersbourg la neige tombe, pour panser de coton ce pauvre monde »


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Debbie
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« Aux lumières de la ville des visages sans nom. Nous tentons un exil dis-moi quel horizon ? »

Après les pleines slaves enneigées, vient la ville des néons, des taxis new-yorkais, des bars sordides, des prostituées ivres. Debbie, le nouvel album qui sort dans un relatif silence médiatique, est un saphir brut, un album rock jouissif, hurlant mais résigné, cuivré. Toujours aussi déroutant à la première écoute, Debbie est un joyau de sonorités rugueuses, de batteries cadencées à double pédale. Le vocabulaire des textes est urbain, chaque mot est choisi, chaque chanson fait parti d’une ambiance glauque mais brillante. Avec 666.667 club, cet album représente pour moi le rock français comme je l’adore. Parmi les personnages ubuesques de ce nouvel opus notons la plantureuse Debbie, la lubrique Marie de Marie ou Marylin.

« Les seins de Marilyn ou les saints de Marie, moi tu sais je m’en fous quand elle est à genoux »


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