jeudi 26 mars 2009

10 Février 2022

Huit heures du matin. Je me réveille. Mal. Comme d’habitude. Le dos en compote de pommes, je quitte mon lit trop affectueux qui me retient par ses draps en tentacules. Je m’extirpe tant bien que mal. Elle est là. Debout, elle prépare le petit déjeuner. Tomate au curry saupoudré de chocolat au miel de nénuphar. Mon cœur reprend une activité normale, revigoré par une si bonne nouvelle. Il se remet à battre un peu. Je pose mon cœur artificiel par terre. Je n’en ai plus besoin. Il manifeste son mécontentement en s’arrêtant d’un coup. Il va falloir être persuasif pour le remettre en état de marche.

Elle va mieux. Elle a arrêté de tousser. Les docteurs sont rassurants et pensent que le mal qui la ronge est derrière elle. Quand même. Quelle maladie odieuse. Un cas par siècle et il a fallu que ça arrive sur elle. Les chances de contracter de nouveau cette maladie sont proches du néant. Mais depuis peu je suis proche du néant.
En effet, un jour de grisaille perdu au loin, j’ai aperçu, observé le néant. Il était là proche de moi. Intrigué. Je l’ai touché. C’était froid et peu agréable. J’ai vite enlevé ma main et quitté les lieux. Comme je ne savais pas où j’étais, j’ai marché. Longtemps. Jusqu’à perdre haleine. Mon cœur artificiel, en gros feignant, a voulu encore s’arrêter. J’ai dû par des mots peu agréables le remettre en état de marche. J’étais peu rassuré, il ne m’a pas suivi, soucieux sans doute de se faire oublier. Je me trompais. On m’a plus tard raconté l’histoire d’un homme qui avait eu un contact avec lui et il ne l’a jamais lâché jusqu’à sa troisième mort. Je m’en sortais bien. Mais je pouvais le retrouver à tout moment car pour lui, je suis devenu proche. Proche du néant.

Et depuis que je sais que je suis considéré comme proche du néant, je suis inquiet. Et s’il venait frapper à ma porte et enlever ce qu’il me reste dans ma vie ? L’impossible devient possible, le néant, une réalité.
Oublions vite ces pensées. Cela n’arrivera pas. Cela n’arrivera plus.

Bon Iver - Skinny Love (pas pour les paroles mais pour la mélodie)

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