lundi 23 mars 2009

Ecumons ecumons

L’écume des jours est pour moi le livre le plus réussi, le plus touchant, le plus drôle que j’ai pu lire.

Bref résumé. Colin vit seul et désespère de rencontrer quelqu’un. Un jour lors d’une soirée il rencontre Chloé et tombe amoureux. Ils se marient mais peu après Chloé tombe malade…

Dit comme ceci, ce livre parait être un énième roman pour jeunes filles en fleurs (fanés) ayant la consistance d’un grain de riz et le romantisme d’un supporter parisien du kop Boulogne.

Mais voilà. Ce roman est de Boris Vian. Et chaque personnage qui pourrait être insipide sous la plume d’un écrivain raté devient attachant. On rigole avec eux, on pleure avec eux. On vit intensément chaque émotion avec eux. Pour vous donner l’envie (d’avoir envie), je vous résume les premières pages du roman. Avec des extraits.


Colin est riche. Il possède 100 000 doublezons. Il a une maison splendide et un cuisinier exquis (Nicolas) qui ne jure que par Gouffé. Mais surtout Colin possède l’invention la plus imaginative au monde : la pianocktail.

Extrait :
« - A chaque note, dit Colin, je fais correspondre un alcool, une liqueur ou un aromate. La pédale forte correspond à l’œuf battu et la pédale faible à la glace. Pour l’eau de Seltz, il faut un trille dans le registre aigu. Les quantités sont en raison direct de la durée (…). Lorsque l’on joue un air lent, un système de registre est mis en action, de façon que la dose ne soit pas augmentée (…) mais le teneur en alcool. »
Et là on se prend à imaginer. Un solo de Cat Power et l’on obtient un cocktail puissamment triste, aux couleurs froides et fades. Un cocktail sans espoir qui se boit seulement dans l’optique d’attendre. La fin.
Un solo au contraire jazzy (Duke Ellington pour Vian) et ce cocktail deviendra lumineux aux couleurs chaudes. Cocktail que l’on boit en fin d’après-midi à la Nouvelle Orléans aux sons d’un vieux 33 tours rayé (si c’est pas imagé ça). Quelle belle idée !

Mais revenons à nos pâturages. Colin a un très bon ami du nom de Chick. Chick est un fan absolu, un obsessionnel d’un grand écrivain : Jean-Sol Partre (contrepèterie). On apprend au début du roman que Chick a rencontré une fille (Alise) alors qu'ils écoutaient Partre lors d’un discours, cachés sous son pupitre. Alise se révèle être la nièce de Nicolas (le cuisinier). Et l’on apprend qu’elle a raté sa vie la petite. Elle a fait des études de philosophie. En effet, pour Vian, les métiers les mieux payés sont les métiers d’ouvriers. L’ingénieur sera moins bien payé que les personnes qui sont sous ses ordres car moins éreintants. Et de plus il est considéré comme une tare pour la famille. Beau paradoxe.

A suivre.

J’avais lu quelque part qu’un roman réussi est un roman auxquels on s’identifie mais surtout qui laisse une marque indélébile dans notre inconscient. Un livre au cours duquel on s’est projeté dans l’histoire, car voulant vivre la même chose. C'est drôle de se dire que chacun a son "livre compagnon".

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mon livre compagnon... ça serait les Russkofs de Cavanna. Je l'ai déjà lu plusieurs fois et régulièrement il faut que j'y revienne...

Tu m'as fait découvrir l'écume des jours. et moi les russkofs.
on a partagé un compagnon, c'est-y-pas-beau Marcel !

Marcel a dit…

Faire découvrir ce qu'on aime,c'est enrichissant pour tout le monde.

Et c'est vrai que les Russkofs j'ai beaucoup aimé.