dimanche 15 mars 2009

Georges (repris de justice)

Les deux mains dans les poches, un pétard de marie-jeanne au coin de la bouche, je sifflotais la ballade Johnny-Jane. Et je vous mets au défi de siffloter en fumant sans cracher sa cigarette ni avaler sa chanson. J’étais sorti au grand jour aux marchés aux puces (électroniques et savantes) de ma vieille ville.

Les vendeurs de puces se démenaient d’astuces et de gougnaferie pour vendre leur camelote. Certains soldaient des bus ottomans et d’autres des menthes autobus. On trouve de tout à Saint Ouen. Le Capitaine Haddock y china sa licorne, et moi je retrouvais Georges. Oh je ne vous ai pas dit ? Georges c’est mon canapé. Enfin je devrais dire c’était, car on s’était perdu de vue depuis plusieurs années. Je vous raconte comment.

Après plusieurs années d’amour avec failles et avec Gisèle, la routine s’installa dans notre ménage et roulez manège : nous nous séparâmes avec beaucoup de mauvaise foi mais, gentleman je reconnu tous les tords. Or le tord tu : je dû laisser à mon désespoir et à Gisèle l’ensemble de mes biens. La vaisselle, les moutons, la gazinière, la voiture, le piano, et mes meubles. Georges y compris car il faisait parti des meubles. Or je ne pouvais décemment le laisser dans cette mouise, seul avec mon ex, il aurait tourné court, il aurait fini dans je ne sais quel débarras, embarrassé.

J’ai pris mon courage à deux mains et retournais chez Gisèle réclamer Georges et tant pis pour le juge et tous les papiers qui menaient mon tord décidemment trop loin. Et là, alors que je pénétrais dans l’antre maudit, j’ai manqué de m’étrangler : Georges était branlant, posé de travers sur un plancher collant, recouvert de linges sales, de chips et de guacamole épicé laissé négligemment par le nouvel amant de Gisèle. Moralité : au sofa, ce salaud laissa sa sauce salée sécher. Non non c’était trop, c’était trop, j’élaborais un plan pour récupérer mon canapé adoré…

J’attendais mon heure, le moment opportun, où. Je couchnappais Georges un soir d’août, ce ne fut pas une mince affaire, mais j’y arrivais. J’avais loué une estafette pour l’occasion et Georges y tenait. Je fonçais vers Paris à tombeau ouvert et coffre fermé. Lorsque fut arrêté par des gens d’armes, comprenez des policiers. « Hep toi là ! Oui oui le conducteur de l’estafette, est-ce ta fête ? Tu dépassais allégrement les 90 kilomètres par heure autorisés par le code, m’assigna le poulet en me tutoyant (sans quoi le jeu de mot précédent n’eut pu exister). Hop hop contrôle des papiers de la plaque avant et arrière et du chargement, faut que ça saute. Les flics éventrèrent Georges et… il trouvèrent une sorte de poudre blanche qui paraît-il s’humectait en fermant les yeux avec un sourire niais, et c’était de la bonne paraît-il à en croire l’adjugeant chef. J’étais piégé. Soit j’avouais qu’il ne s’agissait pas de mon canapé et je devenais voleur. Soit j’affirmais être le propriétaire et je devenais dealer. Ainsi va la vie, et la drogue de Gisèle devenait mienne. Georges me fut confisqué, je ne su où on l’emmenait. On m’informa tout de même qu’un chirurgien plastique et velours lui fit des points de suture pour réparer la violence des policiers.

Comment je me sorti de ce pétrin et comment Georges se retrouva au marché aux puces de Saint Ouen, ce sont des questions que vous vous posez j’imagine…

Mais il se fait à tard, la suite bientôt…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Georges est très attachant ; j'adore tes textes, continues à écrire !
Ariane