Sur la route on a besoin d’un sac et d’une guitare. Si on est malin on prendra une valise et une guitare car le musicien peut s’asseoir sur sa valise pour jouer, mendier et tout simplement reposer son corps fourbu. Une guitare est tout aussi indispensable que le sac. Elle est le gardien des mélodies, des ritournelles et du sourire des filles. Pour remplir la valise, rien que du superflu, c’est l’essentiel.
« J’ai connu bien des gens, je les ai tous bien aimé / Mais dans leur visage, au fond, je n’ai rien fait que te chercher » (J. Dassin, la fleur aux dents)
« Chez la jolie Rosette au café du canal / Sous le tronc du tilleul qui abritait le bal / On pouvait lire sous deux cœurs enlacés / Ici on peut apporter ses baisers » (P. Perret, Au café du canal)
Le bar accueillait le bal d’un 14 juillet ensoleillé ; j’ai valsé tant que j’ai pu avec ma brune fraîchement séduite. Voulant profiter d’une intimité somme toute légitime, je lui proposais de prendre le grand air en quittant le village par le pont de pierre. Et si le soir tombe en même temps que la température, mes bras seront à même de te réchauffer.
« Il suffit de passer le pont / C’est tout de suite l’aventure / Laisse moi tenir ton jupon / Je t’amène visiter la nature » (G. Brassens, Il suffit de passer le pont)
Pris d’un désir soudain de plaisir, j’ai voulu connaître intimement cette fille resplendissante. Ça tombait bien, elle était d’accord. Protestant pour le principe, elle eut tôt fait de se laisser faire, les filles c’est comme ça.
« Et sur la colline, dans les sauvagines, tu te coucheras / Dans mes bras ma brune, éclairée de lune, tu te donneras » (M. Le Forestier, Education sentimentale)
« Pour une belle éclusière j’ai largué les amarres / Le temps d’une rivière, le temps d’une bagarre / Sous le pont des soupirs elle m’a laissé tombé / Je n’ai de son sourire qu’une photo déchirée » (P. Bachelet, Le déversoir)
A peine rencontrer, à peine séparé, c’est la le résumé de la vie le plus court. Cette lumière me tiendra chaud encore un moment. Et je repars sur la route, avec mon sac et ma guitare, pour ne pas laisser mon cœur s’assêcher.
« Ma liberté, toi qui m’a protégé quand j’allais soigner mes blessures / Toi qui m’a fait sourire quand je voyais finir une belle aventure » (G. Moustaki, Ma liberté)
1 commentaire:
Très fort : la musique sort des mots comme par magie. Bravo pour ce texte plein de poésie et de savoir vivre. Mytenne
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