jeudi 8 janvier 2009

11 Mai 2022

Hommage à Chan Marshall pour l’optimisme et à Boris Vian pour tout le reste.

Je prends un verre de bièrauvin, nouvelle boisson inventée par les technocrates pour pallier au manque de matières premières, dans un bar, dans LE bar. Unique bar sans nom dans cette ville croupissante sous les déchets, les habitués fument, gueulent, chantent et pleurent. Ils se rappellent d’Avant. Doux temps. Douce nuit. Une batterie tentant vainement de s’accorder avec un synthé, apaisent ou du moins essayent d’apaiser, les litres de larmes qui coulent le long des visages rapiécés et tuberculeux. Le barman, lui, est content, plus les larmes coulent plus la bièrauvin s’écoule. Je prends une gorgée. Quelle boisson dégueulasse !

Mes écouteurs traînent par terre au milieu des rats et des loups qui se battent pour contrôler la planète laissée pour compte. Je les ramasse et manque de me faire bouffer la main par un loup. Saloperie ! Si j’avais un flingue, feriez moins les malins. J’allume mon lecteur et j’écoute.
Anyone can tell you there's no more road to ride.

Ma chanson préférée. Elle ne l’aimait pas. Cette chanson décrit un spleen permanent dont il faut se défaire. Elle est un testament qui se suffit à elle-même. Un hommage au vitriol à la vie dont on ne peut se passer. Tout le monde aime s'amuser, tout le monde cherche à se procurer un sentiment d’existence. Les quinze minutes de Warhol. Connerie ! Quelles bandes de cons. Mort aux cons. Mort aux autres. Mort à la mort.

Je croyais en Chan, je la croyais quand je l’entendais me susurrer à mon oreille engourdie qu’elle se haïssait et qu’elle voulait mourir. J’ai cessé d’écouter quand nous nous sommes mariés. Je lui ai promis. Je pouvais tout lui promettre. Il suffisait d’un regard. Le regard le plus doux qui puisse exister. La lutte était inégale.

Je titube, les loups n’aiment pas la chair alcoolisée. Ils m’évitent. Je cours, je marche, je ne sais plus. Mon lit me retrouve enfin. Je commençais à perdre espoir. Saleté d’espoir, toujours à se cacher au plus mauvais moment. Mon lit me recueille et m’engueule, il n’aime pas me voir dans cet état. Il me ramène chez moi. Sur la route constellée de météorites, je m’endors.

Cat Power – Maybe not

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