lundi 1 juin 2009

Le taxi

À la descente des escaliers j’ai fait quelques mètres à pied sur le tarmac. Je suis myope et presbyte, tout est flou autour de moi. Malgré ce handicap visuel je devine un ciel changeant, capricieux avec cependant quelques reflets rosés qui laissaient présager une belle journée ensoleillée. J’ai rejoins la zone de débarquement et je ne me suis pas appesanti devant les tapis roulants, je n’avais pas de bagages. Je suis sorti de l’aéroport et déjà la nuit tombait. Je ne connaissais rien de la langue des gens qui peuplaient cette ville. Pour tout vous dire je ne savais même pas où j’avais atterri. J’ai pris un taxi, je lui ai fait comprendre par des gestes maladroits et quelques pleurs et babillages appropriés que je voulais sortir de la ville et aller plus loin. Il compris fort bien ma requête. Je m’aperçu après plusieurs centaines de mètres parcourus que le chauffeur était une femme. Une femme en qui j’avais toute confiance, et je me laissais materner par ses paroles rassurantes. De toute évidence cette femme connaissait la ville, le pays et la façon d’y survivre. A côté d’elle sur la place passager un homme était assis, ce n’est que maintenant que je m’aperçu de sa présence. Durant le trajet qui dura un éternité, j’ai appris le langage de la chauffeuse et de son compagnon, les mots me paraissaient de plus en plus en familier. Je me risquai de temps à autre à mimer un son, un mot entendu et ils me félicitaient franchement.

Bien après la sortie de la ville, sur des chemins, des routes changeantes et colorés nous traversâmes des villages, des campements. Ces contrées étaient peuplées par des personnes toujours plus nombreuses. Plus nous voyagions et plus je croisais de nouvelles têtes. Certains habitants passaient du temps à marcher à côté du taxi qui roulait au ralenti. Certains réapparaissaient au fur et à mesure de nos pérégrinations. Nous roulâmes durant une bonne partie de la matinée. Si quelques nids de poules nous faisaient sursauter, on peut dire que dans l’ensemble le voyage se passait sans encombre. En milieu de matinée je savais déjà fort bien manier la langue du pays et je décidais de m’exercer avec quelques passants. Je fis signe au taxi de faire une pause, sorti et échangea quelques paroles avec les autochtones. Puis je repris ma place dans le taxi qui m’avait attendu et renouvela l’opération aussi souvent que l’occasion d’échanger se présenta.

Nous roulâmes encore ensemble quelques kilomètres, puis je me décidais à marcher de mes propres pas. J’indiquais au taxi le bas côté. Une fois arrêté je m’extrayait du véhicule et pris dans le coffre mes bagages qui s’étaient accumulés au fur et à mesure du voyage. Je pouvais maintenant compter sur mes pieds et sur mon expérience, je n’avais pas peur car de nombreux compagnons marchaient à mes côtés. Parmi cette foule changeante j’aperçus deux yeux bleus magnifiques, une fille à la silhouette svelte et taquine. Nous fîmes un bout de chemin ensemble, main dans la main. Je ne marchais plus, je courais, je volais. Puis au détour d’une ville que nous traversions elle cligna des yeux à un beau garçon de passage. Tant pis je continuerai ma route seul. Comme je savais conduire depuis peu j’empruntai une voiture et je roulais tombeau ouvert. Au compteur 160 kilomètres/heure. Température 30°c, beau fixe, l’horloge numérique indique 11h. Entre deux villages, une traversée du désert, avec au centre une station service. Je rempli le réservoir de super. A la sortie une jolie brune faisait du stop, je l’a prise à mes côtés. Depuis nous faisons la route à deux. Et le ciel est décidément au beau fixe.

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